À notre ami Pierre


Lettre à Gabriel de la part des amis de ton père
Gabriel,
La SLA a peut-être volé le corps de ton père, mais elle n’a jamais réussi à lui voler son esprit.
Jusqu’au bout, sa tête, son humour et son amour sont restés intacts, défiant cette épreuve avec une intelligence mordante et un sarcasme affûté qui le rendaient unique.
Pierre n’a jamais été du genre à plier, encore moins à se laisser enfermer dans un cadre trop étroit pour lui.
Il avait ce don rare de rire de tout ou presque, surtout de l’absurde, et de nous entraîner avec lui dans un tourbillon d’ironie et de liberté de dire des niaiseries.
Toujours à rêver plus grand, plus loin, Pierre s’imaginait souvent derrière le comptoir d’un petit café perdu quelque part dans le monde, ou en train de vendre des gougounes sur une plage... juste pour voir jusqu’où la vie pouvait le mener.
Nous nous souvenons de lui dans les derniers temps, avec cette tendresse mêlée d’ironie, celle qui fait rire même quand le cœur est serré, celle qui rappelle que Pierre était impossible à enfermer, même dans sa condition.
Pierre restera cet ami qui nous a appris que la vie n’est pas faite pour être apprivoisée, mais pour être vécue avec intensité, jusqu’à la dernière réplique bien placée.
Pierre avait le don de réunir les gens autour d’un café, d’une bière, ou d’un événement.
Impossible pour nous d’oublier ses fameuses lasagnes, préparées avec un savoir-faire presque sacré et servies à la fête des Rois, comme un rituel qui nous rassemblait.
Chaque année, cette tradition nous rappelait que, le temps d’un repas, nous étions tous un peu des Rois et des Reines.
Non pas grâce à une fève trouvée au hasard dans un gâteau, mais par le privilège d’être réunis une fois de plus, entourés de fous rires, de niaiseries, de rêverie, d’amis et de cette chaleur unique qu’il savait créer autour de lui.
En terminant, on souhaite paraphraser Martin Léon dans sa magnifique chanson :
Pierre, tu « redeviens le vent ».
J'ai quitté mes amours, j'ai quitté mes amis sans nous désunir.
J'ai quitté mon parcours, j'ai quitté aujourd'hui, je deviens souvenir.
Je redeviens le vent.
Je fais voler l'oiseau, je fais chanter l'océan.
Invisible à nouveau, j'habiterai le printemps, dorénavant.
J'ai quitté mon labour, ma peau, mon sang,
Je redeviens le vent.
Aujourd'hui, nous sommes tristes, mais nous nous raccrochons à ce qu’il nous a laissé... une soif immense de liberté, le goût des bons moments comme celui de ce soir et le souvenir de son regard vif qui semblait toujours dire: « Même ça, on va en rire un jour. »
Ton père était fier de toi, et il nous le disait souvent.
Pierre continue de briller à travers toi, avec ta vivacité, ton humour et ton grand cœur.
Pour écouter l'originale de la chanson de Martin Léon, cliquez ici